Macron entame une visite d'Etat à Monaco sous le signe des océans
Un micro-Etat, du faste et une "communauté de destins": Emmanuel Macron a entamé samedi une visite d'Etat de deux jours à Monaco, la première d'un président français depuis 41 ans, en prélude à la conférence des Nations unies sur l'océan qui s'ouvrira lundi à Nice.
Le président français et son épouse Brigitte ont été accueillis peu avant 17H30 (15H30 GMT) par le prince Albert II et la princesse Charlène, accompagnés de leurs enfants Jacques et Gabriella, âgés de 10 ans, dans la cour d'honneur du palais princier, perché sur le Rocher de la petite principauté méditerranéenne.
Madame Macron, à qui Gabriella a remis un bouquet, était vêtue d'un tailleur pantalon beige et Charlène d'un haut vert d'eau et d'un pantalon banc.
Une soixantaine de carabiniers du prince en tenue d'apparat - uniforme blanc à parements rouges et casque orné d'un plumet rouge - et 16 sapeurs pompiers ont rendu les honneurs tandis que retentissaient les hymnes nationaux.
Les ministres français de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, des Transports Philippe Tabarot et de l'Europe Benjamin Haddad ainsi que l'animateur Stéphane Bern, proche du président et son épouse, étaient présents.
Emmanuel Macron et Albert II auront dans la foulée un entretien privé, suivi d'un dîner d'Etat. Dimanche, ils se rendront dans une entreprise qui produit de l'énergie grâce à de l'eau de mer ainsi qu'au musée océanographique de Monaco, avant un déjeuner avec leurs épouses.
"Cette visite, qui illustre les liens d'amitié forts et historiques entre les deux pays, sera la première visite d'Etat d'un président français à Monaco depuis celle de François Mitterrand en (janvier) 1984", souligne l'Elysée.
La précédente remonte au général de Gaulle en 1960. Les relations franco-monégasques allaient ensuite connaître une crise grave, résolue par un accord trois ans plus tard.
Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont aussi effectué des visites en 1997, 2008 et 2013 mais à un niveau protocolaire moindre. M. Macron était passé en janvier, à titre privé, pour les funérailles du chef du gouvernement.
La principauté, un des plus petits Etats souverains de la planète après le Vatican, est célèbre pour sa famille princière, son casino, ses fastes, son grand prix de Formule 1 et son paradis fiscal.
- Accord douanier -
Les Grimaldi, qui y règnent sans partage depuis sept siècles, alimentent régulièrement la chronique depuis le mariage du prince Rainier avec l'actrice américaine Grace Kelly en 1956 et celui de son fils Albert avec la championne de natation sud-africaine Charlène Wittstock en 2011.
Minuscule enclave de deux km2 sur la Côte d'Azur, entre Nice et Menton, Monaco entretient des liens étroits - bancaires, fiscaux, douaniers - avec la France, régis par une série de conventions.
Avec 9.900 nationaux - sur 38.000 habitants - la principauté n'a pas les moyens de gérer seule son micro-Etat. La France assure donc la sécurité de son territoire, et détache en permanence des magistrats, des enseignants et des hauts fonctionnaires.
Le poste de ministre d'Etat, ou chef du gouvernement, revient traditionnellement à une personnalité détachée par la France. Le conseiller d'Etat Philippe Mettoux y a ainsi été nommé mercredi en remplacement de Didier Guillaume, ancien ministre de l'Agriculture, décédé en décembre.
Un accord renforçant la coopération douanière bilatérale sera signé dimanche à l'occasion de la visite. Il s'agit d'un enjeu complexe, notamment pour les flux d'argent liquide, en l'absence de frontières visibles entre Monaco et la France.
La principauté a été inscrite en juillet 2024 sur la "liste grise" du Groupe d'action financière (Gafi), organisme international chargé d'évaluer l'action des États en matière de lutte contre le blanchiment. La Commission européenne pourrait aussi la mettre sur sa liste noire.
- "Pensé pour Monaco" -
Les deux gouvernements vont aussi intensifier la coopération sur le "partage de données et les infractions routières" commises par des Monégasques en France, précise l'Elysée.
La protection des océans, un sujet de préoccupation de longue date des princes Rainier et Albert, sera au cœur de la visite.
Juste avant l'ouverture de la troisième Conférence des Nations unies sur l'Océan (Unoc3) lundi à Nice, Emmanuel Macron et le prince clôtureront un forum sur l'économie et la finance bleue à Monaco.
Ce rendez-vous vise à réunir des entrepreneurs engagés dans des activités durables liées à l'océan et de très gros acteurs financiers, avec l'idée que dans ce domaine particulier, l'intérêt de la planète peut coïncider avec celui des investisseurs.
T.Parisi--RTC